UNE IDEE POUR AGIR
Un polar pour construire un collège au Togo
Quand Mensah Hemedzo, étudiant togolais à Strasbourg, rentre d'un séjour dans son pays, en mars 2006, il réunit ses amis, Togolais et Alsaciens : il faut faire quelque chose. Là-bas, la structure en paille du collège du village Nygbo-Agbétiko ne permet pas de faire cours les jours de pluie. Il faudrait en reconstruire un autre, en dur. Ils décident alors de récolter de l'argent, et imaginent un moyen original. Mensah, qui prépare une thèse en littérature francophone,a terminer quelques mois auparavant l'écriture d'un roman, encore non publié. Il propose de tenter de l'éditer, et de reverser la totalité des recettes au village.
Les sept copains créent une association, "Plumes 2 coeurs", ayant pour objectif de mener à bien ce projet, baptisé "Un livre pour une école". Depuis le 27 avril, le premier pas est franchi : le livre, La loi du bouc émissaire, est en vente dans les principales librairie de Strasbourg. C'est un polar avec pour toile de fond la capitale alsacienne : le colonel William Canada commet un meurtre dans l'imaginaire République de Béllowie, et vient se rufugier en France, où il se retrouve au centre d'un complot. Pour Mensah Hemedzo, qui souhaite, après sa thèse, retourner enseigner au Togo, et qui rêve sans trop y croire, de devenir écrivain, ce projet concilie l'occasion de publier son premier roman et son envie d'agit pour son pays "sans que la manne tombe du ciel".
C'est aussi ce qui a plu à l'université Marc Bloch où la plupart des membres de l'association sont inscrits, et au Centre régional des oeuvres universitaires et scolaires, qui ont accepté d'imprimer graciesement le livre. Vendre 3000 exemplaires permettrait de rassembler les 22 000 euros nécessaires à la reconstruction de l'école. En 2008, l'association a prévu d'aller participer concrètement à ce chantier. Et elle envisage déjà un deuxième livre, qui rassemblerait les oeuvres des lauréats d'un concours de nouvelles, qui pourrait être organisé l'an prochain dans les universités strasbourgeoises.
Elise Descamps